Armen Ayvazian : «Des mesures nécessaires»
France-Arménie Magazine
No318, du 16 au 31 mai, 2008
Armen Ayvazian : «Des mesures nécessaires»
France-Arménie: Vous avez été souvent critique sur l’attitude de Lévon Ter Pétrossian et sur sa responsabilité dans la crise actuelle. Quelle est votre position?
Armen Ayvazyan (1): Lévon Ter Pétrossian a dirigé ses mécontentements non pas vers une critique constructive et des solutions pratiques mais simplement en donnant des coups violents contre l’Etat et en encourageant la guerre civile. Dès les premiers rassemblements, il qualifiait la République d’Arménie d’Etat de voleurs, le Président de criminel. S’il avait des preuves, il fallait passer par la justice. Au contraire, LTP a essayé de mener le Tribunal dans la rue, utilisant les moyens que l’Etat avait mis à sa disposition: la télé, les rassemblements, les rencontres, les journaux. Que signifie de jeter des grenades et des bouteilles remplies d’essence sur les soldats de 18-20 ans et les appeler des «Turcs»? En même temps, il les sollicitait pour se joindre à lui et à se battre contre les autres soldats. J’ai tout vu de mes propres yeux. J’habite à cent mètres de là où les événements du 1er mars ont eu lieu. Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas dans quelle situation dangereuse s’est trouvée l’Arménie. Imaginez qu’un bataillon soit passé dans le camps des manifestants, l’arme à la main, luttant contre les autres soldats au milieu d’Erevan! Nous aurions eu beaucoup plus de morts et le pays se serait trouvé sans Etat – une situation dont l’Azerbaïjan aurait aussitôt profité en attaquant l’Arménie. La menace extérieure a été complètement negligée durant cette période. J’ajoute que Lévon Ter Petrossian a divisé la population en introduisant le clivage artificial Hayastantsi/Kharabakhtsi. Tout cela montre l’énorme irresponsabilité politique qui est la sienne et celle du MNA. Ma position est qu’il faut séparer les mécontentement du people et les actions de LTP. Pour sortir de cette situation, il faut trouver des solutions et très rapidement résoudre les problèmes que connaît le pays. Le gouvernement ne peut plus les ignorer. Sinon ces événements malheureux vont se répéter.
F.A.: A votre avis, le dialogue entre les autorités et l’opposition a-t-il une raison d’avoir lieu?
A.A.: Je ne considère pas Ter Pétrossian et son parti comme faisant partie de l’opposition. Car après ce qui s’est passé le 1er mars ils ont franchi la limite de la loi et ont mis l’Etat arménien en danger imminent. Je ne suis pas d’accord sur l’idée d’un dialogue entre LTP et Sarkisian. Il faut voir la situation des détenus, libérer ceux qui ne sont pas impliqués dans l’organisation des émeutes et faire un process pour les responsables.
F.A.: Après 10 ans de silence, LTP surgit sur la scène politique en Arménie. Son «succès» ne s’explique-t-il pas en partie par la desertion des parties politiques dans le role incontournable d’opposition?
A.A.: Bien sûr, la vie politique en Arménie manqué de maturité. Nous n’avons pas de partis politiques classiques, protecteurs d’idéologie claire. On ne peut pas dire quell parti est de droite, lequel à gauche, lequel au centre! Cette confusion a favorisé un scrutin centré autour des personnalités plutôt que des idées. En ce qui concerne LTP, il ne s’est pas montré pendant dix ans, il n’a jamais réagi aux questions du moment, il n’a jamais écrit un article, n’a pas publié ses mémoires. Et soudain, il revient en clamant des slogans de destruction du système d’Etat. Le 19 fevrier il avait annoncé : “Nous réalisons une révolution bourgeoise-démocrate”!
F.A.: Donc à votre avis, il est tôt pour envisager l’alternance démocratique en Arménie.
A.A.: Non, il faut absolument créer l’alternance démocratique! Les autorités doivent tout mettre en oeuvre pour ouvrir la voie à une veritable opposition constructive. L’Arménie est un petit pays aux moyens pour former la vie politique intérieure limités. Mais petit à petit, peut-être que cette opposition verra le jour.
Propos recueillis par Arminé Adjamian
(1) Le Dr. Ayvazyan est géopoliticien et specialist de problèmes de sécurité en Arménie. Il est directeur du Centre de recherches stratégiques Ararat d’Erevan, chercheur au Maténadaran et professeur assistant de Sciences politiques à l’Université américaine d’Ereavan.
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